Nous étudierons les différentes formes artistiques qui sont intervenues dans les systèmes de communication du réseau Internet : protocoles, e-mails et listes de diffusion, plateformes de discussion et blogs ont été investis par des artistes ayant grandi dans une société de l'information et dans le contexte d'une réflexion sur l'art comme mission critique sociale de plus en plus prévalente (depuis l'art conceptuel entre autres). Ainsi du net.art, des Codeworks, Error Aesthetics, Hactivism, Default Net Art... : autant de pratiques artistiques qui engagent une réflexion sur l'usage des outils technologiques quotidiens et tentent de désenclaver les domaines socio-professionnels et leurs cultures afférentes.

L'héritage du hacking sera mis en perspective avec des pratiques quotidiennes du réseau par des amateurs, relayées par des artistes dont la technique va du plus complexe au plus simple en matière de manipulation des outils logiciels en réseau. On fera éfalement de nombreuses incursions dans le folklore internet en général (développé par des spécialistes aussi bien que par des amateurs).

Les "oeuvres" ou pratiques du net.art qui seront envisagées relèveront d'environnements spécifiques au réseau : hypertextes, plateformes d'exposition en ligne, blogs artistiques et collaboratifs, navigateurs et moteurs de recherche alternatifs, sites personnels, etc.

Pour des étudiants qui s'attaquent à la création numérique orientée-usage et orientée-client, il peut-être intéressant d'apprendre de pratiques critiques qui réfléchissent sur la créativité en réseau, afin de remettre en question certains idéaux du design, des technologies high-tech, et aussi de mieux comprendre les réseaux d'influence (sociaux, économiques et culturels) à l'oeuvre dans l'environnement numérique "en ligne".

Mots-clefs: art internet/net.art, critique des réseaux, théorie des nouveaux médias, histoire de l'art, histoire sociale des réseaux, folklore, hacking

dimanche 2 décembre 2007

Nouvelle de Cory Doctorow

When Sysadmins Ruled the Earth

Quand le mobile de Félix se mit à sonner à 2 heures du mat, Kelly se retourna, lui tapa l’épaule et grogna « Pourquoi t’as pas éteint ce putain de téléphone avant qu’on se couche ? »

« Par ce que je suis d’astreinte,» lui répondit Félix en s’asseyant au bord du lit. Il attrapa son futal qu’il avait laissé par terre avant de se pieuter et Kelly, en continuant de lui boxer l’épaule, lui dit : «T’es pas un putain de médecin non plus, t’es rien qu’un foutu administrateur système »

« C’est mon boulot,» qu’il lui dit.

« Ils te font bosser plus dur qu’un cheval de trait ! » lui dit Kelly. « Tu sais bien que j’ai raison, bon dieu. T’es un père maintenant, tu peux plus te casser en pleine nuit à chaque fois que quelqu’un perd l’accès à sa dose de porn. Ne réponds pas à ce putain de téléphone »

Il savait bien qu’elle avait raison. Il répondit au téléphone.

« Le routeur principal réponds plus. Le BGP réponds plus.» La voie mécanique du pupitreur s’en foutait pas mal de se faire insulter, Félix en profita, et du coup il se sentit un peu mieux.

« Peut être que je peux régler ça d’ici,» dit-il. Il pouvait se connecter sur l’onduleur du rack et rebooter les routeurs. L’onduleur était dans un réseau différent avec ses propres routeurs, eux même alimentés indépendamment.

Kelly était assise sur le lit maintenant, une ombre appuyée contre le mur. « En cinq ans de mariage, tu n’as jamais été capable de réparer quoi que ce soit depuis ici. » Cette fois ci elle avait tort — il reparait tout le temps plein de trucs depuis la maison, mais toujours discrètement, sans faire d’histoires, et donc elle ne s’en souvenait pas. Et en même temps elle avait quand même raison : il avait des logs qui montraient qu’après 1 heure du mat, plus rien ne pouvait être réglé sans conduire jusqu’au Datacenter. C’était la Loi de la Perversité Universelle Infinie, aussi appelée Loi de Félix.

Cinq minutes après, Félix était au volant. Il n’était pas arrivé à régler le problème depuis chez lui. Le sous réseau du routeur indépendant était down lui aussi. La dernière fois que c’était arrivé, un abruti d’ouvrier du bâtiment avait envoyé un coup de tractopelle à travers la gaine principale du Datacenter et Félix avait alors retrouvé autour de la tranchée une cinquantaine d’autres admins, tous survoltés, et ils étaient restés toute la semaine à gueuler sur les pauvres gars qui galéraient jour et nuit pour reconnecter une dizaine de milliers de câbles.

(SUITE PAR ICI)
merci Natasïa pour le lien

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