Nous étudierons les différentes formes artistiques qui sont intervenues dans les systèmes de communication du réseau Internet : protocoles, e-mails et listes de diffusion, plateformes de discussion et blogs ont été investis par des artistes ayant grandi dans une société de l'information et dans le contexte d'une réflexion sur l'art comme mission critique sociale de plus en plus prévalente (depuis l'art conceptuel entre autres). Ainsi du net.art, des Codeworks, Error Aesthetics, Hactivism, Default Net Art... : autant de pratiques artistiques qui engagent une réflexion sur l'usage des outils technologiques quotidiens et tentent de désenclaver les domaines socio-professionnels et leurs cultures afférentes.

L'héritage du hacking sera mis en perspective avec des pratiques quotidiennes du réseau par des amateurs, relayées par des artistes dont la technique va du plus complexe au plus simple en matière de manipulation des outils logiciels en réseau. On fera éfalement de nombreuses incursions dans le folklore internet en général (développé par des spécialistes aussi bien que par des amateurs).

Les "oeuvres" ou pratiques du net.art qui seront envisagées relèveront d'environnements spécifiques au réseau : hypertextes, plateformes d'exposition en ligne, blogs artistiques et collaboratifs, navigateurs et moteurs de recherche alternatifs, sites personnels, etc.

Pour des étudiants qui s'attaquent à la création numérique orientée-usage et orientée-client, il peut-être intéressant d'apprendre de pratiques critiques qui réfléchissent sur la créativité en réseau, afin de remettre en question certains idéaux du design, des technologies high-tech, et aussi de mieux comprendre les réseaux d'influence (sociaux, économiques et culturels) à l'oeuvre dans l'environnement numérique "en ligne".

Mots-clefs: art internet/net.art, critique des réseaux, théorie des nouveaux médias, histoire de l'art, histoire sociale des réseaux, folklore, hacking

jeudi 20 décembre 2007

Appel à contributions - séries d'Incident

INCIDENT.NET - SERIES: MONOCHROME - Appel à contributions / Call for participation


Jusqu'au 29 février 2008
Merci de bien vouloir nous envoyer une courte biographie et vos projets de netart/videoart par mél (incident@incident.net).
Attention: seules les oeuvres utilisant activement les technologies numériques (photographie, vidéo, interactivité, générativité, flux du réseau, etc.) seront retenues.

#######

Pour le nouveau "Series" de 2007, Incident.net lance un appel à projet sur la thématique du monochrome.

Le monochrome a été un moment charnière dans l'histoire de l'art, d'abord présenté sur le ton de l'humour et de la caricature (1), puis pour revendiquer des intentions et concepts forts.
Quelles correspondances peut-il y avoir entre le monochrome et le numérique (Internet, l'informatique, l'ordinateur, etc.)? Sont-ils compatibles? Il semble y avoir une telle opposition entre ces deux approches: l'une simple (trop?) et l'autre technologique (trop?).

Comme l'a soutenu Carole Rinaldi: "Les monochromes ne sont pas réductibles à une expression personnelle autour de la seule couleur – même si l'origine grecque du mot "monos", seul et "khrôma", couleur, le laisse entendre – car nous ne sommes pas en l'occurrence dans le domaine de la perception pure, mais dans celui de l'abstraction des concepts." (2)

"En peignant des monochromes, les artistes ont tenté d'approcher l'infini par le vide. Un monochrome est un tout. Est-ce parce qu'il ne montre aucune image qu'il est absolument vide? Le seul monochrome qui soit vide ne peut être que la toile du marchand, car elle est dépourvue de concept, étant en attente d'un créateur." (3)

L'informatique génère des bugs, des erreurs, des crashs; est-ce un hasard si ces difficultés se terminent souvent sur un aplat bleu (Klein?), avec comme seul sous-titre un message indiquant le numéro de l'erreur, comme lors d'absence de signal vidéo? (4)

Le monochrome peut apparaître comme emblème du tableau pur, uni et donc idéal, mais qu'est-ce qui peut être plus pur que la lumière? Et le codage informatique de cette même lumière? (5)
Après la toile, il y a l'écran: avant le démarrage de l'ordinateur, le monochrome noir est là, qui nous regarde. Le netart a révélé des approches multimédia très variées et transversales; qu'en est-il de l'approche du genre "monochrome"? Le background d'une page html d'un parfait, lisse, impalpable, sans matière et infini aplat coloré est le point de départ de toute page Web. En 1995, Holger Friese réalisait "Unendlich, fast..." (6) un des premiers monochromes sur le Web, celui-ci jouait déjà sur les limites de la fenêtre du navigateur: trop grand pour l'appréhender en une seule fois.

Yves Klein se préoccupait surtout de la notion d'immatériel en art. Il ne travaillait pas seulement sur la couleur bleue, mais plus généralement sur le sens de l'art et sur la philosophie appliquée à la monochromie. Quoi de plus immatériel que des données informatiques? N'avons-nous pas longtemps parlé de réalité virtuelle? Bientôt des monochromes virtuels, numériques, partagés, en réseau? Quel sera le vôtre?

Reynald Drouhin

(1) L'origine du monochrome est extérieure à l'art contemporain et provient du salon des Incohérents au XIXème siècle.
(2) Carole Rinaldi, "Le monochrome est-il sublime?", Septembre 2005, Mémoire Master II Recherche Sciences de l'Art, p. 7.
(3) Idem, p. 94.
(4) Taper "blue screen" dans un moteur de recherche d'images.
(5) Cf. les installations de James Turrell
(6) http://www.thing.at/shows/ende.html

1 commentaire:

Anonyme a dit…

check this
happy new year !